La Foire internationale d’art moderne (FIAC) s’est achevée dimanche à Paris, révélant les nouvelles tendances du commerce de l’art et les efforts croissants des galeries pour attirer les jeunes acheteurs, rapporte le quotidien français Le Monde. Les personnes mobiles nées après 1980 n’hésitent pas à dépenser de grosses sommes pour des œuvres d’art, mais elles n’ont pas non plus de problème à les revendre rapidement. Le moyen de les atteindre est souvent un marketing bien ciblé sur les médias sociaux.
Début octobre, la galerie Templon a envoyé un bref courriel aux collectionneurs d’art avec une liste d’œuvres qu’elle exposerait à la foire de Paris. Presque immédiatement après l’envoi du courriel, elle a été contactée par dix acheteurs potentiels qui avaient plusieurs points en commun. Ils ont tous entre 20 et 40 ans, surveillent constamment leurs smartphones et dépensent des dizaines ou des centaines de milliers de dollars en un seul clic. Depuis juin, cette galerie parisienne compte près de 40 nouveaux jeunes acheteurs.
La tranche d’âge susmentionnée est également celle qui consacre la plus grande partie de sa fortune aux œuvres d’art, selon une analyse réalisée en septembre par Art Basel et UBS. Jusqu’à 35 % des collectionneurs fortunés âgés de 20 à 40 ans consacrent 30 % de leur fortune à l’art, soit deux fois plus que les collectionneurs de la génération de leurs parents. Au cours du premier semestre de cette année, la dépense médiane des jeunes collectionneurs pour agrandir leur collection d’art était de 378 000 dollars (8,4 millions de dollars).
Il y a aujourd’hui quatre fois plus de collectionneurs de moins de 30 ans qu’il y a cinq ans, indique Sebastian Fahey, responsable du bureau européen de Sotheby. Chez Christie’s, la situation est très similaire, « près de 45 % de nos nouveaux clients sont des milléniaux venus d’Asie », indique Julien Pradels, responsable de Christie’s en France.
Les experts s’accordent à dire que les jeunes gagnent plus vite et dépensent aussi plus vite. Ils se tournent vers le réseau social Instagram pour s’inspirer de leurs achats, achetant souvent des œuvres sur la base de documents et de photos sans les voir réellement.
Derrière un écran d’ordinateur, les jeunes collectionneurs échappent également aux contraintes d’un marché de l’art qui n’est pas nécessairement prêt pour l’approche moderne et les habitudes différentes de cette génération. Les contacts qui sont si importants pour les affaires ne sont pas nécessairement établis sur une base personnelle, mais aussi par le biais des réseaux sociaux.
« Les galeries ont du mal à nous prendre au sérieux, elles sont parfois réticentes à nous dire le prix, elles manquent de transparence », regrette Marie-Odile Falais, collectionneuse de 30 ans.
« Les galeries ne traitent généralement pas bien les jeunes collectionneurs parce qu’elles ont plus de demande que d’offre et préfèrent ceux qui achètent plus d’œuvres », explique Raphaël Isvy, 31 ans, collectionneur depuis plus de cinq ans.
Certains collectionneurs achètent en raison de leur admiration pour les artistes et de leur amour de l’art, mais d’autres le font dans un but purement lucratif. Un tiers des milléniaux considèrent l’art comme un actif qui constitue une source potentielle de richesse, selon un rapport 2018 de Trust Insights sur la richesse et la valeur.