Un groupe d’investisseurs institutionnels gérant 3 500 milliards de dollars d’actifs a demandé jeudi aux entreprises pharmaceutiques de lier la rémunération de leurs dirigeants à l’accès aux vaccins COVID-19 dans le monde.
Alors que la plupart des citoyens des pays riches sont vaccinés et que beaucoup reçoivent maintenant des rappels, les taux de vaccination sur le continent africain ne sont en moyenne que de 10 % environ.
L’Organisation mondiale de la santé a fixé un objectif de couverture vaccinale de 70 % dans chaque pays d’ici juillet 2022 pour mettre fin à la « phase aiguë » de la pandémie.
Les 65 gestionnaires d’actifs, fonds de pension et compagnies d’assurance participants ont signé une lettre le 4 janvier, examinée par Reuters, adressée aux conseils d’administration de Pfizer Inc, Johnson & Johnson, Moderna Inc et AstraZeneca PLC, leur demandant d’adopter le plan de l’OMS pour parvenir à un accès équitable aux vaccins et de le lier à la rémunération des dirigeants « d’une manière significative, substantielle, mesurable et transparente ».
Les livraisons de vaccins dans le monde ont été retardées en raison de problèmes de production, de la constitution de stocks par les gouvernements des pays riches, de restrictions à l’exportation et de la bureaucratie.
Le groupe d’investisseurs a déclaré que les points clés comprennent une meilleure participation aux programmes internationaux de production de vaccins et le partage des licences et des technologies afin que les pays puissent produire des vaccins localement.
« Il devrait être logique, d’un point de vue commercial, que les fabricants de vaccins cherchent à vacciner le monde entier », a déclaré Frank Wagemans d’Achmea Investment Management, l’un des bailleurs de fonds de l’initiative, qui gère 225 milliards de dollars d’actifs.
Parmi les autres investisseurs participants figurent Nomura, Investec, Boston Common Asset Management, Candriam, GAM, Aegon et PGGM.
Pfizer, Johnson & Johnson et Moderna n’ont pas pu être joints immédiatement. Ils ont précédemment déclaré qu’ils s’engageaient à mettre les avantages à la disposition des pays les plus pauvres à des prix relativement bas.
Un porte-parole d’AstraZeneca a déclaré que la société produisait son vaccin COVID-19 sans aucun profit et distribuait la plupart des fournitures aux pays à revenu faible ou intermédiaire.
Peter Singer, conseiller spécial du secrétaire général de l’OMS, a déclaré que l’initiative des investisseurs était « très bienvenue ».
La répartition inégale actuelle des vaccins représente « non seulement un échec moral complet pour le monde, mais aussi un échec économique très significatif et un frein important pour l’économie mondiale », a-t-il déclaré.
M. Wagemans, d’Achmea, a déclaré qu’il pensait que les fabricants de vaccins seraient généralement réceptifs à cette demande, mais que l’administrateur du fonds surveillerait la manière dont les entreprises mettent en œuvre leurs promesses avant les réunions annuelles.
« Je ne peux pas parler de la façon dont les autres signataires voteront, mais pour la direction d’Achmea, oui, nous voterons contre (les rémunérations des dirigeants) si aucun lien n’est établi » avec le plan de l’OMS, a-t-il déclaré.
