Un tribunal fédéral américain s’est prononcé jeudi contre Blue Origin de Jeff Bezos dans le procès qui l’oppose à la NASA au sujet d’un contrat lucratif portant sur un module lunaire pour astronautes remporté par SpaceX d’Elon Musk plus tôt cette année.
Le juge fédéral Richard Hertling s’est rangé du côté de la défense dans sa décision, mettant un terme à une bataille de plusieurs mois après que Blue Origin a poursuivi la NASA en août.
La NASA a déclaré dans un communiqué que le travail avec SpaceX reprendrait « dès que possible » après le jugement.
« Des opportunités vont se présenter à court terme pour les entreprises qui souhaitent travailler avec la NASA pour établir une présence humaine à long terme sur la Lune dans le cadre du programme Artemis de l’agence », ajoute l’agence.
Un porte-parole de Blue Origin a déclaré dans une déclaration à CNBC que le procès intenté par la société « a mis en lumière d’importants problèmes de sécurité liés au processus d’acquisition du système d’atterrissage humain qui n’ont pas encore été résolus. »
« Le retour en toute sécurité des astronautes sur la Lune grâce au modèle de partenariat public-privé de la NASA nécessite un processus d’approvisionnement impartial ainsi que des politiques solides qui incluent des systèmes redondants et encouragent la concurrence. Blue Origin reste profondément attaché au succès du programme Artemis », a déclaré la société.
Bezos lui-même a ajouté sur Twitter que la décision « n’était pas celle que nous souhaitions », mais a noté que « nous respectons la décision du tribunal » – ce qui laisse entendre que son entreprise ne fera pas appel de la décision.
SpaceX n’a pas répondu à une demande de commentaire sur la décision.
Dans un tweet répondant au reportage de CNBC sur le verdict, Musk a posté une photo du film « Dredd » de 2012.
En avril, la NASA a attribué à SpaceX le seul contrat du programme de système d’atterrissage humain de l’agence à la suite d’un appel d’offres. Le contrat de 2,9 milliards de dollars prévoit que SpaceX utilise sa fusée Starship pour transporter des astronautes à la surface de la lune dans le cadre des prochaines missions Artemis de la NASA.
SpaceX était en concurrence avec Blue Origin et Dynetics pour ce qui était censé être deux contrats, avant que la NASA n’en attribue qu’un seul en raison d’un crédit du Congrès plus faible que prévu pour le programme.
Blue Origin a rapidement protesté contre cette décision auprès du Government Accountability Office des États-Unis, mais celui-ci a rejeté l’appel de la société fin juillet – ce qui a incité la société spatiale de Bezos à intensifier son action en justice. Bezos est également le fondateur du géant du commerce électronique Amazon.
Une version expurgée de l’action en justice de Blue Origin a révélé que la plainte de la société vise principalement à prouver que la NASA a indûment attribué le contrat uniquement à SpaceX et « n’a pas tenu compte des exigences clés en matière de sécurité des vols ».
La décision de Hertling a rejeté les revendications de Blue Origin. L’avis du tribunal est actuellement scellé parce que l’affaire contient des informations confidentielles pour les entreprises, mais M. Hertling a ordonné aux parties de présenter des propositions de modifications d’ici le 18 novembre afin que l’avis puisse être rendu public.
Le travail de la NASA avec SpaceX sur le contrat HLS a été interrompu pendant le procès, mais devrait reprendre lundi.
La décision du tribunal, qui porte un coup aux ambitions de Blue Origin, intervient à un moment où l’entreprise connaît un succès mitigé et fait l’objet d’un examen minutieux.
Bezos a personnellement augmenté son implication dans Blue Origin après avoir quitté son poste de PDG d’Amazon. Si l’entreprise a jusqu’à présent effectué deux vols réussis de sa fusée suborbitale habitée New Shepard, Blue Origin a souffert d’une forte rotation du personnel et d’accusations d’anciens employés concernant des problèmes de sécurité et une culture d’entreprise « toxique ».
Blue Origin continue toutefois à travailler pour concrétiser la vision de Bezos pour l’entreprise, à savoir que « des millions de personnes vivent et travaillent dans l’espace pour le bien de la Terre », notamment en déplaçant dans l’espace « les industries qui exercent une pression sur la Terre ». Le mois dernier, Blue Origin, en partenariat avec un consortium de sociétés spatiales, a annoncé la création d’une station spatiale privée appelée Orbital Reef, dans le but de la placer en orbite dans le courant de la décennie.
