Il est très peu probable que la Banque centrale européenne relève ses taux d’intérêt en 2022 en raison du ralentissement de l’inflation, a déclaré aujourd’hui Christine Lagarde, directrice de la BCE, contrecarrant ainsi les paris du marché sur une hausse des taux en octobre prochain.
« En ce qui concerne l’orientation future des taux d’intérêt, nous avons clairement exprimé les trois conditions qui doivent être remplies pour qu’une hausse des taux soit amorcée », a déclaré Mme Lagarde, ajoutant : « Malgré la hausse actuelle de l’inflation, ses perspectives à moyen terme restent modérées et il est donc très peu probable que ces trois conditions soient remplies l’année prochaine. »
Les déclarations de Mme Lagarde interviennent après qu’elle n’ait pas réussi, la semaine dernière, à contredire les attentes du marché. Les investisseurs ont même temporairement escompté deux hausses de taux l’année prochaine, et anticipent désormais une hausse de taux en octobre 2022.
« Les taux d’intérêt du marché, a-t-il déclaré, ont augmenté ces dernières semaines, principalement en raison d’une plus grande incertitude du marché concernant les perspectives d’inflation, des effets externes sur les attentes en matière de politique de taux d’intérêt dans la zone euro, et de certaines questions concernant la réglementation des marchés obligataires à la suite de la pandémie. »
Mme Lagarde s’est également fait l’écho de la récente hausse des rendements obligataires, avertissant que la BCE poursuivrait ses achats d’obligations pour maintenir les rendements à un bas niveau.
« Un resserrement injustifié des conditions financières n’est pas souhaitable à un moment où le pouvoir d’achat est déjà comprimé par la hausse des factures d’énergie et de carburant et constituerait un obstacle injustifié à la reprise », a déclaré Mme Lagarde.
La BCE et les investisseurs ne sont pas d’accord sur l’évolution probable de l’inflation, qui est l’indicateur le plus important pour définir la politique monétaire. Alors que la banque centrale prévoit que la hausse des prix, qui est supérieure à 4 % aujourd’hui, passera sous son objectif de 2 % l’année prochaine, les investisseurs parient sur des pressions inflationnistes à plus long terme qui déclencheront un resserrement de la politique.
Le problème est que l’incertitude liée à l’inflation est exceptionnellement élevée et que Mme Lagarde elle-même a admis la semaine dernière que la poussée d’aujourd’hui sera plus durable qu’on ne le pensait il y a seulement quelques semaines.