L’inflation alimentaire qui s’est abattue sur le monde l’année dernière, faisant grimper le prix de tout, du fromage au steak, est une bonne nouvelle pour le marché des aliments d’origine végétale.
C’est ce que pense Next Gen Foods Pte, une startup singapourienne qui fabrique du « poulet » à partir de graines de soja. La hausse des prix du bœuf et de la volaille est l’un des principaux moteurs de l’inflation alimentaire, et la réduction de l’écart de prix rend les alternatives végétales beaucoup plus attrayantes pour les consommateurs, a déclaré le directeur général Andre Menezes.
« Une inflation plus élevée provient, devinez où, de la viande », a déclaré Menezes dans une interview depuis Chicago. « C’est extrêmement inefficace, les ressources deviennent plus chères parce qu’elles sont de moins en moins disponibles. Et c’est la macro-tendance qui est en fait le moteur de l’industrie des cultures. »
Next Gen a levé 30 millions de dollars en capital d’amorçage jusqu’à présent, ce qui valorise la société à environ 180 millions de dollars en juillet. Les investisseurs comprennent l’investisseur public singapourien Temasek Holdings Pte, les fonds de capital-risque K3 Ventures, GGV Capital et Bits X Bites, ainsi que le fabricant de produits alimentaires et de boissons Yeo Hiap Seng Ltd. Le financement sera utilisé pour lancer le produit phare de Next Gen, le poulet végétal Tindle, aux États-Unis.
Les prix des denrées alimentaires s’envolent dans une grande partie du monde, la pandémie de Covid-19 perturbant les chaînes d’approvisionnement. Les prix mondiaux des denrées alimentaires ayant atteint leur niveau le plus élevé depuis dix ans, les ménages délaissent la viande au profit de sources de calories moins chères mais de moindre qualité, comme les féculents, les céréales, les huiles et les aliments ultra-transformés. Aux États-Unis, la pénurie aiguë de travailleurs dans l’industrie de la viande n’est pas encore en vue, ce qui signifie que les prix de la viande devraient rester élevés dans un avenir proche.
« Vous avez un scénario où les chaînes d’approvisionnement sont extrêmement sollicitées, beaucoup de choses n’arrivent tout simplement pas à temps et ne sont pas livrées », a déclaré Menezes. « Ce n’est pas nécessairement un point négatif. Pour nous, tout défi auquel nous sommes confrontés est en fait bien moindre que ce qu’il serait dans l’industrie de la viande. »
Actuellement, les protéines alternatives ne représentent qu’une infime partie de l’industrie mondiale de la viande, qui pèse un billion de dollars. Ce chiffre est appelé à augmenter – Bloomberg Intelligence estime que les ventes au détail de viande et de produits laitiers d’origine végétale pourraient passer de 29,4 milliards de dollars en 2020 à 162 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.
Il existe des signes forts de l’intérêt des consommateurs pour cette industrie. Les produits à base de plantes sont de plus en plus disponibles dans les supermarchés, de plus en plus de restaurants proposent ces options dans leurs menus et des entreprises comme Beyond Meat Inc, Oatly Group AB et Impossible Foods Inc ont levé des milliards de dollars. Le défi pour les producteurs de protéines alternatives est désormais de concurrencer les produits carnés conventionnels en termes de prix.
Au fil du temps, les produits à base de plantes seront moins chers que la viande, qui sera plus chère, a déclaré Menezes. La production de protéines végétales nécessite moins de ressources telles que la terre, l’eau et l’énergie. Au fur et à mesure que la production se développe et que les consommateurs consomment davantage, cela créera les volumes nécessaires pour réduire les coûts.
« Notre objectif est de nous attaquer à toutes les catégories que l’agriculture animale représente aujourd’hui », a-t-il déclaré, ajoutant que la prochaine fois, l’entreprise pourrait se concentrer sur le bœuf, le porc, les fruits de mer ou les produits laitiers. « Tout est possible. »
