Le droit de deux juges polonais à un procès équitable a été violé après que leurs demandes de nomination ont été bloquées, selon un arrêt rendu aujourd’hui par la Cour européenne des droits de l’homme qui remet en question l’indépendance du pouvoir judiciaire polonais.
Cet arrêt est le dernier coup porté à la Pologne dans son affrontement avec Bruxelles concernant le respect de l’État de droit et les réformes introduites par Varsovie dans le système judiciaire en violation de l’indépendance de la justice, selon les critiques.
Le gouvernement du parti Droit et Justice (PiS) insiste sur le fait que la réforme vise à « débarrasser le système des vestiges de la période communiste ».
Dans son arrêt d’aujourd’hui, la Cour européenne des droits de l’homme critique le Conseil national de la magistrature de Pologne, l’organe chargé de nommer les juges et d’examiner les recours pour manquement à l’éthique.
Les juges Monica Ioanna Dolinska-Ficzek et Artur Ozymek ont formé un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme après que leurs demandes de nomination ont été bloquées en Pologne. Ils ont accusé le Conseil national de la magistrature et la Chambre extraordinaire de contrôle et des affaires publiques de la Cour suprême, devant lesquels ils ont fait appel, de manquer d’indépendance et d’impartialité.
« La Cour juge que la Chambre extraordinaire de contrôle et des affaires publiques de la Cour suprême, qui a entendu les affaires des deux requérants, n’est pas un tribunal constitué conformément à la loi », peut-on lire dans le texte de l’arrêt rendu aujourd’hui.
La Pologne est condamnée à verser 15 000 euros à chacun des deux juges. La Cour a également jugé que » dans l’intérêt de l’État de droit[…]et l’indépendance du pouvoir judiciaire, l’État polonais doit prendre rapidement des mesures correctives ».
La Cour de justice de l’Union européenne a demandé à la Pologne de supprimer l’organe disciplinaire de la Cour suprême, car il manque d’indépendance et son fonctionnement est contraire au droit européen.
Varsovie a annoncé qu’elle allait supprimer l’organe disciplinaire et éventuellement le remplacer par un nouvel organe, mais n’a pas encore présenté ses projets.
La Cour suprême polonaise a récemment jugé que des éléments du droit de l’Union européenne étaient incompatibles avec la constitution polonaise, violant ainsi le principe de la primauté du droit européen sur les lois nationales, qui est une pierre angulaire de l’intégration européenne.
Source : skai.gr