Danielle Phaneuf, de PwC, affirme que cette perte est temporaire. Au fur et à mesure que les travailleurs se perfectionneront, les entreprises commenceront à en récolter les fruits et verront une explosion de la productivité lorsque les programmes seront pleinement opérationnels.
Les signes de résignation massive ne ralentissent pas. Les employés accordant de plus en plus d’importance à l’évolution de leur carrière, la solution consiste à investir dans l’amélioration des compétences, mais les résultats immédiats prendront du temps.
Il existe une corrélation positive entre la rétention des talents et l’amélioration des compétences des travailleurs. 72 % des travailleurs déclarent qu’ils apprécieraient davantage leur travail si leur entreprise investissait davantage dans la formation, et 69 % pensent qu’ils seraient plus satisfaits dans leur travail. Cela semble être une situation de « faire d’une pierre deux coups ». Non seulement les entreprises peuvent bénéficier des avantages d’une main-d’œuvre formée, mais elles peuvent également retenir leurs meilleurs talents.
C’est peut-être vrai, mais les entreprises qui se lancent dans des programmes de renforcement des compétences doivent s’attendre à une baisse initiale de la productivité. Il peut y avoir un sentiment d’urgence à retenir les talents, mais le perfectionnement des compétences prend du temps. Offrir des possibilités de formation aux employés est essentiel pour retenir les travailleurs qui privilégient la progression de leur carrière, mais leur permettre de consacrer du temps à l’apprentissage est indispensable pour garantir leur valeur ajoutée.
Pour l’année à venir, les chefs d’entreprise qui mettent en œuvre des programmes de renforcement des compétences doivent non seulement anticiper cette baisse de productivité, mais aussi mettre en place des mesures pour la contrer. Voici ce qu’ils doivent garder à l’esprit pour se préparer.
LES NIVEAUX DE PRODUCTIVITÉ PEUVENT BAISSER – ET CE N’EST PAS GRAVE.
La mise à niveau des compétences est un processus qui prend du temps. Ces programmes exigent un certain niveau d’engagement car ils se composent généralement de plusieurs modules, tests et processus de certification. Par conséquent, les employés devront s’éloigner de leurs responsabilités quotidiennes afin d’apprendre et de se développer pleinement. Par exemple, une grande chaîne de magasins de détail a prévu une baisse de productivité d’environ 25 % pendant que les employés se consacraient à l’amélioration de leurs compétences dans de nouveaux rôles essentiels à leur nouveau modèle d’exploitation informatique moderne. Lorsque PwC a investi 3 milliards de dollars dans l’amélioration des compétences il y a quelques années, une partie de cette somme était destinée à couvrir la période pendant laquelle les employés ont été retirés du service à la clientèle pour entrer dans une salle de classe.
Si une baisse de productivité de six mois peut sembler décourageante, elle porte ses fruits. À mesure que la main-d’œuvre s’améliore, les entreprises commenceront à en récolter les fruits et assisteront à une explosion de la productivité lorsque les programmes tourneront à plein régime. Les employés formés se sentent habilités à faire leur travail et à contribuer à la croissance de l’entreprise. En outre, les employés sont plus heureux. 71 % des travailleurs qui ont amélioré leurs compétences ont déclaré que les programmes de formation leur ont apporté une plus grande satisfaction au travail.
COMMUNIQUER LA VALEUR
Afin de lutter contre cette baisse de productivité, tous les membres de la direction devront être conscients des changements à venir. Et ils doivent être en mesure de défendre les avantages de l’amélioration des compétences malgré une éventuelle baisse de productivité à court terme.
Lorsqu’elles mettent en place des programmes de perfectionnement, les entreprises doivent s’assurer que leurs dirigeants peuvent transférer la valeur de la technologie dans laquelle ils investissent et les avantages de la formation à tous les secteurs de l’entreprise. Cela signifie que les responsables devront maîtriser cette technologie afin d’être en mesure d’expliquer les avantages qu’elle apporte, malgré les pertes de productivité initiales qu’elle peut entraîner.
D’ici 2022, 54 % de l’ensemble des employés devront améliorer leurs compétences pour répondre à l’évolution des exigences professionnelles, et les dirigeants devront être à l’avant-garde de la mise en œuvre de programmes de perfectionnement. Lorsque ces changements s’installent et que la productivité diminue, les dirigeants peuvent dissiper tout scepticisme ou doute en communiquant de manière proactive avec les employés. Il s’agit d’agir comme des mentors et de fournir des conseils sur les raisons pour lesquelles ces programmes sont essentiels, comment ils peuvent bénéficier à l’entreprise et comment ils peuvent faire progresser les carrières personnelles.
DONNER LA PRIORITÉ AUX PROGRAMMES DE BIEN-ÊTRE
Faites attention. Vos employés n’ont pas peur de démissionner. En effet, 65 % des salariés sont actuellement à la recherche d’un nouvel emploi. En d’autres termes, si un employé n’obtient pas ce qu’il attend de son poste, il est probable qu’il ira voir ailleurs.
Les entreprises devront tout mettre en œuvre pour retenir leurs talents, d’autant que les niveaux de productivité sont en baisse. L’un des avantages de l’amélioration des compétences est de retenir les talents et de leur donner l’occasion de se développer, mais il est également essentiel de donner aux employés la possibilité de se recycler.
Comme les employés doivent jongler entre les programmes de formation et leurs tâches quotidiennes, les entreprises doivent créer des programmes de bien-être clairs, comprenant des horaires de travail flexibles, des congés pour éviter l’épuisement professionnel et des possibilités de rattraper les vacances manquées. PwC offre à ses employés un « temps protégé » où ils peuvent se déconnecter du travail et se ressourcer. L’entreprise a constaté que cela améliore non seulement le bien-être personnel, mais contribue également à maintenir des performances élevées.
En donnant aux employés la possibilité d’investir dans leur bien-être, ils pourront retourner au travail avec le désir de faire progresser leur carrière en améliorant leurs compétences, ainsi qu’avec la motivation d’exceller dans leur propre rôle. Il s’agit d’un élément essentiel pour compenser la baisse de productivité attendue à la suite de l’amélioration des compétences.
L’amélioration des compétences sera un facteur essentiel pour lutter contre la grande résignation. Les managers doivent plaider en faveur de l’investissement nécessaire à l’amélioration des compétences, malgré les baisses de productivité initiales, et offrir aux employés la possibilité d’investir dans leur bien-être. Au final, la productivité peut ralentir, mais cela ne fera que rendre les employés plus intelligents, plus productifs et plus heureux.
