L’entreprise américaine Johnson & Johnson (J&J), la plus grande société de produits médicaux au monde en termes de ventes et l’une des plus anciennes entreprises des États-Unis, prévoit de se scinder en deux. L’une comprendra ses activités très rentables mais risquées dans le domaine des médicaments sur ordonnance et des dispositifs médicaux, et l’autre comprendra son groupe de consommateurs original mais à la croissance plus lente. Ces derniers comprennent, par exemple, les patchs Band-Aid, le Tylenol et la poudre pour bébé Johnson’s. L’entreprise a déclaré aujourd’hui dans un communiqué.
J&J séparera la division consommateurs du reste de l’entreprise d’ici 18 à 24 mois. La société a fait ce choix parce que ses activités, ses clients et ses marchés ont beaucoup divergé ces dernières années, a déclaré le PDG Alex Gorsky au Wall Street Journal (WSJ). Les procès accusant l’entreprise que sa poudre Johnson’s Baby provoque des cancers ne jouent aucun rôle à cet égard, a ajouté M. Gorsky.
« La meilleure façon de garantir une croissance durable à long terme et de mieux répondre aux demandes des patients et des consommateurs est de faire en sorte que notre activité grand public fonctionne comme une entreprise de soins de santé autonome », a déclaré M. Gorsky. Toutefois, il n’a pas encore précisé la forme que prendra la scission, le nom de la nouvelle société et le nom de son dirigeant. Cette décision n’a pas encore été prise, a-t-il déclaré. La société offrira sur le marché des actions de la division autonome des consommateurs.
Le groupe pharmaceutique Johnson & Johnson, qui conservera son nom, restera la plus grande entreprise de produits médicaux au monde avec un chiffre d’affaires annuel de près de 80 milliards de dollars (1,8 trillion), a déclaré le directeur financier Joseph Wolk. La branche grand public sera l’une des plus importantes du secteur après des entreprises comme Procter & Gamble, Nestlé et L’Oréal.
Le projet de scission montre à quel point le secteur des soins de santé a changé depuis la naissance de J&J, et marquera le coup d’envoi du plus grand changement d’orientation de l’entreprise en 135 ans d’histoire. Les couches jetables, les pilules digestives et les médicaments contre la toux ont été le moteur de l’entreprise à ses débuts, puis l’ont aidée à traverser les hauts et les bas des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux, plus risqués mais plus rentables. Aujourd’hui, la division grand public possède des marques de renommée mondiale, des produits de soins de la peau Neutrogena aux pilules anti-allergie Zyrtec.
La division pharmaceutique de J&J vend des produits destinés à traiter toute une série d’affections, du cancer de la prostate à l’hypertension artérielle pulmonaire. Elle a également développé l’un des vaccins contre le covid-19. Le chiffre d’affaires de la division devrait avoisiner les 77 milliards de dollars cette année.
Johnson & Johnson fait également l’objet d’un certain nombre de poursuites pour des allégations selon lesquelles sa poudre pour bébé provoque le cancer. La société affirme que c’est sans danger. Pour résoudre rapidement les procès concernant la poudre, elle a créé une filiale et s’est mise en faillite.
Parallèlement, l’entreprise a longtemps vanté les mérites de son modèle commercial diversifié. À certains moments, la faiblesse d’une division a été compensée par les bonnes performances d’une autre.
La décision de J&J de se scinder intervient à un moment où des rivaux tels que Pfizer et Merck ont également décidé de se séparer de leurs activités grand public et de se renforcer sur le marché pharmaceutique à croissance rapide. La scission a également été annoncée cette semaine par General Electric et Toshiba.
